Barack Obama

Publié le 29 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

«I, Barack Hussein Obama… » Le 20 janvier 2009, lorsque le quarante-quatrième président des États-Unis prononcera son serment d’investiture, l’Histoire suspendra son vol au-dessus de Washington. Homme de l’année 2008, le premier Noir à accéder à la Maison Blanche sera aussi celui de 2009 tant ses premiers pas, ses premières décisions et ses premiers mots seront scrutés d’un bout à l’autre de la planète. Comment se comportera-t-il sur la scène internationale ? Comment réagira-t-il en cas de crise majeure ? À un mois de son entrée en fonctions, nul ne peut encore le dire avec certitude, et ce n’est pas la composition de l’équipe qu’il s’est choisie en matière de politique extérieure qui contri­buera à dissiper le mystère. Henry Kissinger, qui s’y connaît dans le domaine, lui a souhaité bon courage : le potentiel de disputes internes est en effet très réel au sein de cette dream team dont chacun des membres a, à un moment, été en désaccord avec les autres, mais aussi avec le nouveau président lui-même.

« J’aime les fortes personnalités, avec des idées fortes », explique Obama. Incontestablement, il est servi. Hillary Clinton, secrétaire d’État : elle a, pendant la campagne pour l’investiture démocrate, directement mis en doute les capacités de commandant en chef du candidat. Robert Gates, secrétaire à la Défense : vingt-six ans de CIA derrière lui, dont pas mal de dirty tricks (« sales coups »). C’est lui qui a été en charge de l’entraînement des moudjahidine afghans dans les années 1980, lui aussi qui a couvert au sein de l’agence les turpitudes du scandale Iran-Contra. À l’inverse d’Obama, il a, dès le début, soutenu l’invasion de l’Irak. James Jones, conseiller à la sécurité nationale : il a fait campagne pour John McCain. Joe Biden, vice-président : il a été recruté en grande partie pour ses références en politique étrangère et entend bien y jouer sa partition. Susan Rice, ambassadrice auprès de l’ONU : elle a « trahi » Hillary Clinton pour Barack Obama dans la course à la Maison Blanche, et celle-ci, dit-on, ne le lui a pas encore pardonné…

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Une équipe de stars donc, composée d’individualités aussi talentueuses que marquées et dont il n’est même pas certain qu’elles partagent toutes l’orientation très soft power – plus de diplomatie et d’aide, moins de démonstrations de force – que Barack Obama souhaite imprimer à l’action extérieure des États-Unis. Rice et Biden se sont en effet prononcés pour une intervention militaire au Darfour, et Hillary Clinton a été, lorsque son mari siégeait à la Maison Blanche, une avocate déterminée de l’ingérence américaine dans les Balkans. Il sera d’ailleurs intéressant d’observer la réaction d’un Obama confronté à une crise humanitaire majeure dans un État dit « failli », menaçant indirectement la sécurité des États-Unis, le tout sous forte exposition médiatique. Sera-t-il « réaliste » ou « idéaliste » ? Le coût financier, l’engagement en Afghanistan et en Irak et le souci de redonner aux États-Unis une image plus pacifique militent pour la non-intervention. Mais les « valeurs » de l’Amérique, dont le nouveau président se dit aussi porteur, commandent qu’elle intervienne en cas de crimes de guerre massifs et de soupçon de génocide sous peine d’être accusée d’indifférence complice. Tout, en somme, est question de volonté politique – une qualité dont Barack Obama est apparemment doté.

Aymen al-Zawahiri, l’idéologue d’Al-Qaïda, ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Un président américain noir, avec un second prénom musulman, qui prône un retrait progressif d’Irak et un dialogue avec l’Iran, qui promet de s’investir au Moyen-Orient et prévoit de prononcer, au cours du premier semestre, un discours fondateur dans une grande capitale musulmane, tout en annonçant qu’il va « mettre le paquet » en Afghanistan et dans les zones tribales du Pakistan, représente un grave danger pour les djihadistes. Aussi a-t-il cru bon, dans un message audio diffusé en novembre, de qualifier Obama de « nègre domestique » et de « abid » (« esclave noir »). Ce faisant, cet Égyptien blanc issu de la bonne bourgeoisie cairote a rendu le plus désastreux service qui soit à la « cause ». On savait Al-Qaïda terroriste. La voilà raciste.

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